Rossel-Kirschen : Céline et le grand mensonge. essai
Dans le résumé biographique qui est encore fréquemment donné de Céline (Courbevoie 1894-Meudon 1961), bien peu de choses se révèlent exactes après un examen attentif.
Il serait un enfant issu d'une famille modeste qui n'a pas pu l'envoyer au lycée ? Faux. Engagé volontaire en 1914, il a été grièvement blessé. Faux. Il aurait réussi à faire des études de médecine tout en travaillant ? Faux. Passionné par la médecine et l'hygiénisme, il se serait dévoué pour soigner des pauvres gratuitement ? Faux. Ses deux pamphlets antisémites, publiés en 1937 et 1938, ne lui auraient attiré que des ennuis. Bien qu'ayant refusé de collaborer avec l'Occupant, il sera poursuivi au lendemain de la Libération et pendant des années par la haine des épurateurs. Injustement, est-il sous-entendu. Faux. Pillé en France, emprisonné au Danemark, privé de ressources, il ne pourra rentrer dans son pays qu'en 1951. En définitive, il n'aurait été qu'une victime, boycotté par une armée de littérateurs jaloux... Ces falsifications ne sont l'œuvre que de Céline lui-même, qui travailla à remodeler son parcours et à bâtir lui-même sa légende... jusqu'à réussir à l'imposer.
C'est cette légende qu'André Rossel-Kirschen souhaite démonter. En relisant l'œuvre et la correspondance de Céline, ainsi que les travaux les plus sérieux qui lui sont consacrés, il met au jour une réalité très différente de la version paranoïaque que Céline a donnée de sa vie. Il apparaît que l'homme n'a eu qu'un seul idéal : gagner de l'argent. Gagner de l'argent, non pas pour jouir d'une vie confortable, mais pour amasser sans fin.
Certes, il demeure incontestablement un grand écrivain, voire LE grand écrivain du siècle. Pour autant, cela n'empêche pas que Céline soit un personnage insincère et méprisable. Convient-il que la duperie continue ?